dimanche 28 février 2010

Détruire le mythe (Di Caprio dans Shutter Island)

A commencer par Di Caprio. Blood Diamond et Aviator avaient commencé à me faire changer de point de vue sur l’acteur. Ses personnages narcissiques, toujours à la limite de la folie, contrastaient déjà avec le jeune premier fringuant et niais de Roméo+Juliette et de Titanic.

Dans un article récent des « inrockuptibles » ( http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/1266943801/article/leo-le-naufrage/ ), Axelle Ropert avançait que l’évolution vers des personnages de plus en plus torturés avait pour but de se démarquer de ses premiers rôles. Ici, c’est on ne peut plus clair.

Chaque plan s’impose comme une expiation, une destruction systématique du mythe de Jack Dawson (le héros de Titanic). Un Marshall à l’élégance négligée remplace le jeune propre sur soi. Quand Jack dit adorer « l’océan et son infini », le film de Scorcese s’ouvre sur le vomissement de Teddy Daniels, loin d’apparaître en « roi du monde ». Puis Di Caprio se regarde dans un miroir et, sans chercher des significations improbables, il est facile de voir dans son regard une sorte de provocation envers lui-même, amenant une détestation de son propre corps. Nous avions aperçu cette même provocation dans Aviator, alors qu’Howard Hugues se regarde dans la glace après s’être lavé les mains.

La destruction du modèle continue au travers de Shutter Island. Alors qu’Howard Hugues gardait une certaine dignité tragique (« Il ne faut pas qu’il vous voient ainsi », dans la scène finale), la folie de Teddy Daniels est, elle, dévoilée au grand jour. Les espaces temps et les rêves s’incrustent les uns dans les autres et s’enchevêtrent jusqu’à nous faire douter de notre propre conscience.
Di caprio veut prouver qu’il n’est pas superficiel. Ainsi, toute l’esthétique de Shutter Island (que Di Caprio coproduit) est basée sur la complexité. Les plans sont déstructurés, l’espace temps incertain. Les labyrinthes sont partout, dans les prisons de l’asile comme dans l’esprit de teddy Daniels. La faute première, la culpabilité et le doute sur sa propre folie approche Teddy Daniels de Mc Beth et plus particulièrement de l’adaptation d’Akira Kurosawa (Le château de l’araignée)

Shutter Island serait-elle une œuvre néo baroque ?

Shutter Island

Aujourd’hui j’ai vu Shutter Island qui ne partait pas gagnant pour ma critique. A défaut d’avoir lu le livre, j’ai adoré l’adaptation en bande dessinée de Christian de Metter et je sentais que j’allais être déçu. De plus, Di Caprio, que j’ai du mal à détacher de son rôle de garçon superficiel de Titanic (sûrement à cause de mon manque de culture cinématographique), est la tête d’affiche du nouveau Scorcese.

Heureusement, j’ai eu tort en tout points.